Circulaire et industrie : comprendre, participer, transmettre, construire.
Vous lisez la seconde édition de la newsletter Circular4Good. Douce lecture à vous.
Cette newsletter vous est proposé par Circular4Good, mouvement d’expert.e.s du circulaire appliqué aux industries manufacturières. Pour nous soutenir, rien de plus simple : inscrivez-vous à l’aide d’une simple adresse email. Une communication par mois maximum, pas de spams, que du contenu écrit avec le cœur. 💚
👋 Édito
Et si 15% du chiffre d’affaires de chaque grand groupe industriel français était circulaire en 2030 ? Et quand on dit « circulaire » on ne parle pas de recyclage, mais bien d’une circularité forte. On parle donc de business modèles d’allongement de la durée de vie, d’économie de la fonctionnalité ou de boucles de réemploi avec le remanufacturing et le reconditionnement, tout cela avec des ressources premières réduites à une extraction minimale.
Les voitures sont quasiment inutilisées. Une perceuse l’est seulement quelques heures pendant tout son cycle de vie. 1% de l’électroménager sur le marché est issu de filière de reconditionnement, et j’en passe. L’opportunité d’engager un véritable pivot circulaire nous tend les bras ! Avec à la clé des business modèles et des relations avec les clients renouvelés. Faisons donc le pari d’une nouvelle économie, plus frugale en ressources et plus résiliente face aux chocs, tournée vers l’usage, pourvoyeuse d’emplois locaux et qui, de fait, installe des modes de production décarbonés et économes en énergie, en eau, en matières, etc.
Les clés de cette transformation sont à la fois techniques, organisationnelles et individuelles. Nous espérons que le contenu de cette seconde newsletter vous en convaincra.
Techniques, parce qu’il faut opérer une bascule dans nos approches d’innovation. De la sobriété d’usage, à la « sobriété en conception » (merci à Pierre Veltz pour la formulation), il n’y a qu’un pas à franchir. Encore faut-il le franchir, et dans les deux sens ! Concevoir démontable, réparable, reconfigurable, d’un côté. De l’autre, repenser le « pour quoi » innover.
Organisationnelles, parce que pivoter vers des modèles circulaires ne se fait pas individuellement, entreprise par entreprise. Le pivot s’envisage en partant de la chaîne de valeur, en impliquant plusieurs entreprises et acteurs (du sourcing, jusqu’aux utilisateurs, voire même au-delà du dernier usage), en s’ancrant dans les territoires et une prise de position réglementaire pour déverrouiller le changement d’échelle.
Individuelles, parce que la dirigeante, le dirigeant et leurs équipes doivent poser l’intention de l’entreprise. Pour cela, il faut transgresser sa raison d’être, chercher en soit un ressort profond pour retisser un lien entre l’entreprise et le vivant, pour revenir dans le monde physique et réel.
Cette transformation est inéluctable. La question n’est pas « faut-il y aller ou pas », mais « que peut-on activer pour démarrer dès maintenant » ? Chaque entreprise gagne à redevenir exploratrice et pionnière sur son marché.
Or, si 5% des entreprises pionnières sont engagées dans une bifurcation, il y a des « insiders » plein d’envie et de volonté d’insuffler et effectuer ces changements dans 100% des entreprises.
> Vous êtes un pionnier ? Bousculez vos marchés.
> Vous êtes un « insider » ? Bousculez votre organisation.
> Vous ne savez pas encore qui vous êtes ? Explorez votre chaîne de valeur, faites une Fresque de l’Économie Circulaire avec votre CODIR, forgez-vous un avis et embarquez votre entourage.
Libérez cette transformation dans vos organisations. En être acteur, en être le détonateur, c’est ce qui permettra d’atteindre 15% de circularité forte dans nos modèles et notre société à 2030, pour aller encore plus loin ensuite.
Grégory Richa
🤷♀️ C’est pour aujourd’hui ou pour demain ? #CPAOPD
Se sensibiliser aux enjeux climatiques, énergétiques et d’industrie circulaire : c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
Après la Fresque du Climat qui compte plus d’1 million de participants à son actif, voici la Fresque de l’Économie Circulaire !
La FEC sensibilise aux enjeux de transformation de notre système de production-consommation linéaire pour proposer d’aller vers un modèle plus vertueux, celui de l’économie circulaire. Cette fresque, créée par Elsa Bortuzzo (urbaniste) et Anne-France Mariacher (consultante en économie circulaire) nous questionne à propos des limites de notre économie linéaire et de ses conséquences. Et nous projette dans un changement de paradigme plus optimiste, mais tout à fait réaliste !
Et ce n’est pas simple. Comment se passer du sable, une des matières premières les plus utilisées pour soutenir nos modes de vie (30 tonnes de sable pour 1 kilomètre d’autoroute) et que nous prélevons en trop grande quantité ? Existe-t-il un monde où nos téléphones, composés de plus de 40 types de matériaux différents, vont durer plus de 3 ans. Un monde ou les déchets technologiques associés cessent de s’accumuler sur le continent africain ?
Des défis monstrueux donc ! Convoquons notre envie d’agir et notre créativité. Et commençons par imaginer le monde de demain, pour mieux le changer, dès aujourd’hui.
C’est ce que propose la Fresque de l’Économie Circulaire : nous projeter dans un changement de paradigme qui remet au centre la question de l'utilisation des ressources naturelles, la gestion des déchets et les pollutions induites par nos modes de vie. Mais au-delà de la compréhension des enjeux, l’exercice a quelque chose de magique quand il nous révèle qu’une grande partie des solutions se trouve déjà sous nos yeux.
En effet, l'économie circulaire, dès aujourd’hui, c'est possible :
1. En réduisant l'utilisation des ressources : à travers l'écoconception, les logistiques de circuits courts et de proximité, les matériaux bio-sourcés et les achats durables, en s'inscrivant dans une logique d'écologie industrielle et territoriale. « Les déchets des uns deviennent les ressources des autres. ».
2. En repensant l'usage : allonger la durée de vie des produits grâce à des industries de réparation et retrofit, intensifier leur usage grâce à la consommation collaborative et l'économie de la fonctionnalité, tout en consommant zéro déchet.
3. En « circularisant » : le réemploi circularise nos produits, le reconditionnement circularise nos composants, le recyclage et le compostage circularisent notre matière et enfin la méthanisation circularise notre énergie.
Alors oui la sensibilisation à l’économie circulaire, c’est déjà pour aujourd’hui.
Et pour demain alors ? Participer, comprendre, transmettre, construire…
C’est à vous, et ça peut commencer ici.
Juliette Tessier
🎧 Podcast Circular4Good : le dernier épisode avec Éric Duverger (CEC)
Nous sommes en 2020. Après 20 ans passés dans l'entreprise, notre invité va voir la DRH de Michelin pour lui demander un congé sabbatique.
Pas pour aller faire du surf en Australie, non. 🏄♂️
Pas pour faire le premier tour de France en monocycle électrique, encore moins pour lancer sa gamme de NFT.
Nous n’avons pas tous les détails de ce qu’il s’est passé pendant ces deux courtes années. Par contre ce que l’on sait, c’est qu’en 2022, il remet à Emmanuel Macron les 150 feuilles de route de sa Convention des Entreprises pour le Climat.
La suite appartient à l'histoire. La CEC, comme on l'appelle, c'est déjà 150 entreprises mobilisées pour sauver l'humanité, rien que ça.
Très heureux d'accueillir pour ce troisième épisode du podcast Éric Duverger !
Épisode disponible sur toutes les plateformes audio.
Bonne écoute !
Aurélien Gohier
📰 Actualité : amorçons l’industrie circulaire
Au pays des licornes, quelles sont les start-ups françaises qui feront changer le monde ?
Lors du bilan annuel de Bpifrance, son directeur général Nicolas Dufourcq a insisté sur la complexité du chantier de réindustrialisation de la France, en soulignant notamment le manque d’investisseurs positionnés sur l’industrie. Pour tenter de remédier à cela, le fond « Bpifrance Amorçage Industriel », opérationnel en 2023, devrait accélérer le « boost » de startups industrielles avec des tickets unitaires de 250 000 à 2 millions d’euros maximum.
Et le potentiel est grand : Bpifrance dénombre plus de 1600 startups à vocation industrielle en France à fin 2021, dont environ 1/3 dédiées aux greentech.
L’heure est véritablement à l’amorçage des startups industrielles. Elles seront l’une des composantes clés de la réindustrialisation en France par leur capacité à proposer de nouveaux modèles de société : mobilité, agriculture, bâtiment, mobilier, électroménager, bois, textile, batteries… Autant de secteurs, produits, usages à réinventer, pour ne pas les réindustrialiser comme avant, avec les mêmes fragilités d’approvisionnement et les mêmes incohérences environnementales.
De startups industrielles, à PME, à ETI, le chemin est tout tracé. Alors ? Autant que les prochaines licornes soient circulaires ! II serait tellement dissonant de passer à l’échelle des modèles fondés sur la linéarité, tant pour la fragilité des supply chains face aux contraintes de ressources que pour proposer une alternative au « produire plus pour jeter plus », devenu tout à fait irrecevable en 2023.
L’occasion de mettre en avant Fairphone qui vient de lever 49 millions d’euros pour accélérer sa croissance et son impact, et nous faire pivoter vers le téléphone portable responsable.
Si vous voulez en savoir plus, nous vous invitons à écouter le podcast juste ici. Nous sommes, avec beaucoup de fierté, intervenus aux côtés d’Agnès Crepet, Head of Software Longevity & IT at Fairphone, pour parler circularité, technique et usage.
On vous invite aussi évidemment à aller découvrir le travail du Collectif Startups Industrielles France, qui milite et agit depuis plusieurs années sur la mise en place d’un cadre accélérant l’émergence de startups disruptives dans l’industrie.
📗 À lire (absolument…)
« L'innovation, mais pour quoi faire ? »
C’est le titre d’un excellent essai de Franck Aggeri, professeur de management aux Mines Paris et codirecteur de la chaire « Mines urbaines » sur le mythe économique, social et managérial de l’innovation.
Franck Aggeri propose une exploration pour repenser nos pratiques d’innovation autour de la responsabilité de l’innovateur et la recherche de potentiels plus sobres, intégrant la transformation de nos usages et la compatibilité avec les limites planétaires. Une approche à contre-courant d’une innovation, qui à force de « fuite en avant » perd son but et sa raison d’être.
Une citation de l’auteur qui nous a marqué :
« Pour développer ces innovations sobres et ces formes de circularité forte, il s’agit de promouvoir d’autres valeurs que celles de la culture de l’innovation intensive high-tech : prendre son temps plutôt que l’accélération permanente ; l’action collective et la protection des communs plutôt que l’individualisme et l’appropriation des ressources ; la réhabilitation des activités routinières comme la maintenance, l’entretien des compétences et des savoir-faire plutôt que la destruction créatrice ; la restauration des produits, équipements et infrastructures existantes pour prolonger leur durée de vie plutôt que la consommation frénétique de produits neufs ; la promotion des low-tech et la sélection parmi les high-tech de celles compatibles avec des objectifs de sobriété plutôt que la valorisation systématique des high-tech ; la réappropriation des savoirs et des savoir-faire par les usagers plutôt que leur dépossession par les producteurs. »
Voilà !
Profitez bien de ce deuxième épisode de notre newsletter Circular4Good ! On se retrouve très vite pour un prochain numéro. D’ici là, n’oubliez pas de pivoter et de partager ce format autour de vous. Et si ça n’est pas déjà fait… ⬇️
Suivez-nous vers l’économie circulaire en un clic : https://linktr.ee/circular4good
Circulairement,
Votre équipe Circular4Good