🎧 Changer l’entreprise, changer les territoires : le pari circulaire d’Emery Jacquillat
Immersion dans un univers où l'on peut redonner vie à une entreprise du passé tout en étant absolument visionnaire.
Après l’interview lumineuse d’Anne Asensio le mois dernier, poursuivez votre voyage sur les chemins de l’avant-gardisme industriel avec notre héraut du jour : Emery Jacquillat, Président de la Camif et co-fondateur de la Communauté des Entreprises à mission.
Vous l’aurez compris, nous avons eu l’infini plaisir de recevoir Emery sur le podcast Circular4Good. Avant-goût ci-dessus, épisode complet ci-dessous.
[Édito] Avant de voir grand, il va falloir regarder petit
✍️ Grégory Richa, co-fondateur du mouvement Circular4Good, Directeur associé au sein d’OPEO, co-auteur de l’ouvrage « Pivoter vers l’industrie circulaire »
À l’heure du Black Friday, de l’avènement de la voiture chinoise en Europe et d’une COP28 hydrocarburée, l’industrie est toujours tirée par la course à la consommation et la compétition internationale. Côté européen, la législation est à la fois dans l’avancée, avec les discussions sur l’indice de réparabilité, et le recul, avec le report de la réglementation sur les produits chimiques. Le pouvoir d’achat, lui, reste à juste titre un sujet majeur de préoccupation et le risque d’emballement vers le « toujours plus » mais « moins carboné » est toujours fort.
Pendant ce temps, l’Amérique du Sud connaît à son tour des températures record, couplées à des inondations soudaines. Vous avez dit dérèglement climatique ? Vous avez parlé d’un monde à + 4°C ? Vous avez en tête un monde souhaitable ?
Crédits 📷 : Paul Gambin pour Le Monde. Un champ de totoras (plantes aquatiques) asséché, dans la région de Puno (Pérou), où il est désormais possible d’accéder à pied aux Uros, les îles flottantes du lac Titicaca, fortement affecté par la sécheresse.
Il est plus que temps de recoudre notre empreinte industrielle et nos usages aux territoires. Et pour cela, nous voyons grand : plan majeur de décarbonation, choc d’investissement dans le recyclage.
Mais ce plan, qui a le mérite de reconsidérer en grand la place de l’industrie dans la société, porte en son socle d’immenses fragilités.
Aura-t-on assez d’acier pour soutenir la « croissance verte » ? Aura-t-on assez de cuivre pour électrifier l’ensemble du transport européen (pour ne pas dire mondial ) ? Est-il possible que nos gigafactories soient demain à l’arrêt à cause des matières, du fait de giga inflations de leurs coûts, de la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement ?
Et si on creuse un peu, il est bien connu que, pour la plupart des industriels, plus de 80 % des émissions de CO2 proviennent du scope 3. Alors, à quand la transformation des chaînes de valeur, en complément de celle mise en œuvre dans les usines ?
Pour voir loin, il va falloir regarder petit, et ensuite voir grand.
Renault Trucks, Nexans, Mustella en sont de premiers porte-voix : vendre moins, mais mieux, pivoter vers la fonctionnalité plutôt que la propriété, arrêter les activités négatives pour la planète. Ces pivots stratégiques touchent le cœur des propositions de valeur des industriels. Ce sont eux qui donneront réellement une soutenabilité aux organisations au-delà de 2035.
Pour cela, il faut retricoter les usages, les modèles économiques et les opérations. Remettre sur l’ouvrage la conception de son produit. Transgresser la façon dont les équipes ont été éduquées pendant des années, remettre de la complexité et de la diversité dans les réflexions. Faire du design to cost, renouveler les produits tous les trois ans et sourcer en Chine ne suffiront plus pour créer de la valeur, au contraire.
L’exemple de la Camif, portée par le rayonnant Emery Jacquillat et ses équipes, montre que c’est possible. En bout de course, dans un monde du Made in China, l’entreprise a été réinventée : réinvention de la mission de l’entreprise, reconnexion aux territoires et au tissu de sous-traitants du mobilier, mise en exergue du local auprès du consommateur, circularité des matériaux avec une approche étendue et maintenant, essaimage de nouveaux modèles économiques autour de la location.
À la question cruciale, « Et si le canal de Suez se bouche à nouveau, comment vont tourner vos usines ? », leur réponse est « plutôt bien, en fait ! ». La résilience et la compétitivité sont là. Dans un monde déréglé, en surchauffe, gardons la tête froide, regardons « petit », chez nous, autour de nos produits, nos clients, nos opérations, pour réinventer vite de nouvelles chaînes de valeurs soutenables.
L’économie circulaire en pratique : la renaissance inespérée de la Camif
✍️ Aurélien Gohier, co-fondateur du mouvement Circular4Good, Directeur de la communication d’OPEO, fondateur d’Industry4Good
Si l’on vous dit « pionnier de l’e-commerce », « odyssée entrepreneuriale » ou « entreprise à mission », libre à vous d’imaginer un super-héros des Internets, armé d’un modem 56k et drapé dans sa cape en fibre éco-responsable.
Mais non, il s’agit d’Emery Jacquillat, l’homme qui a orchestré la renaissance de la Camif, catalogue historique de vente de meubles et d’équipements domestiques par correspondance.
Créée en 1947 pour aider les enseignants de l’Éducation Nationale à se rééquiper après-guerre, la Camif était, en 2006, la troisième entreprise française de vente à distance.
Pourtant, en 2008, la société est placée en liquidation judiciaire et cesse ses activités.
L’année suivante, Emery Jacquillat, fondateur de Matelsom, relance la Camif en se recentrant sur l’équipement français et durable de la maison. Sa vision : « changer le monde de l’intérieur ».
Aujourd’hui, la Camif est labellisée « B Corp », certification octroyée aux entreprises qui répondent à des exigences sociétales, environnementales et de transparence envers le public.
Elle prend surtout un virage circulaire assumé et devient officiellement une « entreprise à mission », se donnant statutairement une finalité d’ordre social et environnemental sous l’égide de la loi PACTE de 2019 (en clair, une entreprise à mission est tenue de justifier sa raison d’être en rendant publiques les actions qu’elle a menées).
Mais, qu’y a-t-il de visionnaire à redonner vie à une entreprise du passé ?
Au-delà de la simple nostalgie, la Camif est le symbole d’une époque où la durabilité était la norme, pas l’exception.
Parce que chaque meuble qui traverse le temps raconte une histoire de continuité et de respect envers les entreprises françaises qui vivent des commandes de la Camif.
Derrière chaque pièce se trouvent des acteurs vivants qui, des usines aux foyers, permettent à des entreprises françaises d’évoluer dans un écosystème respectueux des territoires et propice à l’innovation.
Le véritable pouvoir d’Emery Jacquillat ?
C’est celui d’œuvrer pour de nouveaux modèles économiques viables et vitaux pour notre avenir collectif :
« À force d’avoir mis le profit au-dessus de tout, on a juste oublié pourquoi l’entreprise existe. [...] Le rôle d’un entrepreneur, c’est de défricher de nouveaux modèles. », éclaire-t-il.
Oui, nous parlons bien d’économie circulaire. Et Emery Jacquillat est déterminé à propulser la circularité au-delà des frontières théoriques, transformant la Camif en un phare de durabilité et d'innovation.
Sous sa gouverne, la Camif ne se contente pas de vendre des produits : elle inspire un changement profond et concret dans la façon dont les entreprises considèrent leur impact sur le monde.
Et si vous vous demandez encore ce qu'un entrepreneur peut faire pour changer le cours de l'industrie, plongez dans l'univers d'Emery Jacquillat. Un monde qui pose les jalons d'un avenir où l'entreprise et la planète prospèrent ensemble.
Écoutez ce nouvel épisode passionnant de Circular4Good !
🙋♀️🙋♂️ Demandez l’programme !
Qu’allez-vous découvrir dans ce podcast ? « What’s in it for you ? », comme on dit outre-Manche. Le choix a été difficile mais voici tout de même 5 raisons implacables d’écouter cet épisode du podcast.
Découvrez comment la Camif a transformé son modèle d'affaires traditionnel en une entreprise centrée sur l'économie circulaire : comment réussir le pivot vers une industrie circulaire ? Quels sont les principaux obstacles et comment la Camif les a-t-elle surmontés ? Quel impact sur les relations avec les fournisseurs et partenaires ?
Explorez des initiatives innovantes en matière de produits et services : comment concevoir un produit circulaire ? Ça prend combien de temps ? Comment pivoter vers une économie de la fonctionnalité ? Peut-on vraiment louer la chambre de son enfant au lieu de l’acheter ?
Inspirez-vous du parcours d'Emery Jacquillat, qui a débuté dans la vente en ligne avant l'ère de Google : quels sont les motifs derrière la transformation de la Camif en entreprise à mission ? Comment les expériences d’Emery Jacquillat dans le secteur de l’e-commerce ont-elles influencé sa vision pour la Camif ? Quel rôle la tech a-t-elle joué dans le pivot de l’entreprise ?
Apprenez comment la Camif a su fédérer les personnes et créer une synergie autour de son projet : le signe d’une évolution des mentalités ? Quelle stratégie de communication pour sensibiliser et impliquer les consommateurs et les partenaires ?
Découvrez, enfin, comment une entreprise peut positivement impacter son écosystème local et la société en général : comment intégrer durabilité et responsabilité sociale de manière rentable dans les entreprises ? Comment mesurer l’impact de ses initiatives circulaires ?
BONUS. Retrouvez la voix douce et experte de Grégory Richa, qui nous fait le plaisir d’intervenir sur le plateau de cette sixième édition :)
Passez une heure passionnante avec Emery Jacquillat sur Circular4Good !
🔍 Nouvelles fraîches du monde circulaire
Des bonus comme s’il en pleuvait. Faisons honneur à la riche actualité du circulaire avec ces 5 news à ne pas manquer. Circulez, y’a tout à voir !
Est-il normal qu’un téléphone réparé et remis en vente soit soumis à la même TVA à 20 % que son homologue neuf ? Emery Jacquillat et Emmanuelle Ledoux, Directrice générale de l’INEC, ne l’entendent pas de cette oreille. Le 21 novembre dernier, ils ont donc présenté au Ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, leur projet innovant de taxonomie sur le circulaire : une proposition de réduire la TVA à 5,5 % sur les produits remanufacturés pour favoriser leur réparation et valoriser les circuits de seconde main. Pour en savoir plus sur la TVA circulaire, lisez la publication très complète d’Emery Jacquillat sur le sujet ou téléchargez gratuitement le rapport sur le site de l’Institut National de l’Institut National de l'Économie Circulaire. Une magnifique 📸 collectée sur le compte LinkedIn du Ministre Béchu.
Alignement des planètes ou heureux hasard du calendrier ? Sur le sujet de la TVA circulaire, Yves Jégo, Secrétaire général du World Impact Summit, publiait une tribune le 17 novembre 2023 sur le sujet : « Aidons le « re made in France » avec une TVA à 5,5 % ». Lisez son plaidoyer sur EcoRéseau Business.
Lorsqu’il est question de préservation des ressources, Grégory Richa n’est jamais bien loin. « Comment concilier industrie et préservation des ressources ? Quelle industrie en 2050 ? » : le thème du temps fort « Pacte pour l’Impact Vallée de la Chimie 2023-2030 », sur lequel notre expert de l’industrie circulaire a échangé avec Philippe Bihouix, ingénieur spécialiste des ressources minérales.
De son côté, Aurélien Gohier diffusait la bonne parole du circulaire sur le plateau de l’émission Fait en France, en direct du Salon du Made in France. Pourquoi économie circulaire et Made in France sont-ils indissociables ? Réponse ici. Une émission présentée par Anthony Vitorino, avec pour invités : Gilles Attaf, Président de la certification Origine France Garantie, Laurent Colas, Directeur général de La Plancha Eno, et Luc Lesénécal, Président de Saint-James et du Label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV).
C’est une première ! L’association EC2027 accompagne le Salon des Maires et des Collectivités Locales, du 21 au 23 novembre, sur les questions d’économie circulaire. L’occasion de mettre en avant les initiatives des collectivités en matière d’économie circulaire et de transition de leur territoire. Au programme : fresque de l’économie circulaire adaptée aux territoires, débats et tables rondes, et guide des solutions. Retrouvez les insights de Pierre-Emmanuel de Saint-Esprit, Directeur économie circulaire de Manutan, sur son profil LinkedIn.
BONUS. Et pour finir sur une note inspirante, Mob-ion entre au mapping des startups françaises à impact, réalisé par Bpifrance, France Digitale et le Mouvement Impact France. Mob-ion ? C’est cette entreprise pionnière de la mobilité à pérennité programmée, éco-conçue et Made in France (triple pléonasme). Souvenez-vous ! Christian Bruère, dirigeant fondateur de Mob-ion, était le premier invité du podcast Circular4Good à son lancement, il y a tout juste un an. Retrouvez cet épisode passionnant ici.
Voilà pour notre tour d’horizon des nouvelles fraîches du circulaire. Plein de pépites à découvrir et à partager pour faire rayonner les initiatives durables autour de vous.
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